Papa tu me manques.
Tu es le seul de ces hommes vers lequel je pouvais regarder en levant les yeux.
Le seul homme de mon entourage que j’ai admiré.
Je te cherche dans tous les hommes que je rencontre.
Je suis coincée dans le complexe d’OEdipe.
Je cherche un homme fort qui aura tes valeurs et ton énergie.
Un homme qui aurait encore quelque chose à dire sans devoir le crier ?
Et sans devoir sourciller ou rougir ?
Où sont passés les hommes héros qui remplissaient les rues de leur classe et de leur savoir faire ?
L’histoire a-t-elle tant changé notre monde pour que les hommes n’y trouvent plus leur
vraie place ?
Les uns sont devenus des hystériques refoulés, les autres des angoissés menteurs.
Et surtout ils ne sont pas à la hauteur.
Peuvent-ils passer une journée sans téléphone ? Une journée à nous raconter des histoires
vraies de ce qu’ils ont vécu.
Où sont passé les hommes dont on nous a parlé un jour, ceux qui pourraient nous protéger
de leurs bras fort et de leurs mentales sereins ?
Ces hommes qui pouvaient tout reconstruire après une longue guerre douloureuse ?
Ces héros d’antan qui partaient pour de longs voyages, combattre les monstres, les idées,
les chimères et qui s’en revenaient un sourire aux lèvres plein de promesses de lendemain.
Papa, toi qui savais tout et qui pour moi, était toujours là.
Sont-ils tous partis te rejoindre dans l’au-delà ?
Je vous imagine, toi et tous tes amis héros, en train de jouer une bonne partie de cartes en
riant des maigrichons du coeur qui courent tout le temps les yeux rivés sur des écrans.
Cliquant sur des boutons de likes pour ne pas à avoir à penser à des phrases de plus
compliquées.
Je vois tous ces visages reflétant juste la lumière des portables, les yeux baissés, de peur de
rencontrer un regard empathique qui susciterait un intérêt qui ne soit pas virtuel.
Papa.
Je veux des mots, des gestes, des montées d’adrénaline, des surprises, des cris et des rires.
Pas des photos, pas des messages, des dessins électroniques, des vidéos gags et des coeurs
pré-imprimés.
Je veux de la vie.
Mais toi et les tiens, vous êtes déjà partis…